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Voiliers sur le lac de Mesnil Saint Père

La construction du Lac

A l’origine: la crue de 1910

A la suite des inondations de 1910 et 1924, le département de la Seine et l’Etat ont été conduits à élaborer un programme général de construction de réservoirs destinés, en premier lieu, à écrêter les crues de la Seine à Paris.

Une décision du Ministre des Travaux publics du 14 ianvier 1926 a retenu la création d’un certain nombre de barrages-réservoirs destinés, en dehors de l’écrêtement des crues, au relèvement de l’étiage de la rivière, de plus en plus insuffisant du fait des prélèvements pour l’industrie ou l’alimentation en eau.

Une première étape réalisée de 1932 à 1949 a comporté la construction de trois barrages dans la région du Morvan, dont celui de Pannecière, sur l’Yonne, et d’un réservoir dans la Champagne humide à Champaubert-aux-Bois.

Dès la fin de cette étape, le département de la Seine, maître d’oeuvre, s’est préoccupé de la suite de ce programme, lequel comportait la réalisation du réservoir Seine, aujourd’hui lac de Mesnil-Saint-Père, d’une capacité totale de 205 millions de mètres cubes, et de la construction du réservoir Marne de 350 millions de mètres cubes.

Ces deux ouvrages sont réalises avec la participation financière de ‘Etat.  Les travaux de construction du réservoir SEINE ont été déclarés d’utilité publique le 25 juin de cette même année.

Le réservoir Seine d’une capacité de 205 millions de mètres cubes, est alimenté par un canal d’amenée, capable d’agir efficacement sur les crues les plus importantes puisqu’il permet de dériver jusqu’à 180 m3 d’eau par seconde  alors que la crue exceptionnelle de janvier 1955 à la prise d’eau a atteint environ 315 m3 par seconde et que la crue millénaire est estimée à 420 m3 par seconde.

Par mesure de sécurité, on s’est même assuré que dans le cas où les vannages d’admission resteraient ouverts en grande crue et ou le partage naturel des eaux entre Seine et canal d’amenée entraînerait un débit de 210 m3 par seconde dans le canal, soit 15 % de plus que le débit maximal théorique, aucun débordement ne risquant alors de se produire le long du canal.

Les eaux stockées dans le réservoir sont restituées à la Seine  par des canaux d’une capacité de 20 m3 / seconde pouvant être portée en cas de besoin à 35 m3 / seconde.

L’implantation des ouvrages 

Une vaste dépression naturelle située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Troyes, dans une vallée latérale à la Seine et  à faible distance de celle-ci a été retenue pour servir de cuvette au réservoir. 

Etang de la Morge, 1957

Il s’agit de la haute vallée du ru de Morge avant son confluent avec la Barse, elle-même affluent de la Seine, le cours de ces rivières étant d’ailleurs ensuite sensiblement et successivement utilisé par le canal de restitution.

Les flancs de la vallée sont essentiellement constitués par les  argiles du Gault, eux-mêmes recouverts par une couche de 1 à 2 m de limon très peu perméable, et les parties basses sont situées au-dessus des sables verts argileux recouverts également de limons, ce qui donnait toutes les garanties recherchées pour assurer l’étanchéité du réservoir.

Mesnil Saint Père avant le Lac – carte dressée en 1965

Enfin, la fermeture de la cuvette pouvait être assurée par des digues, importantes certes, mais faciles à réaliser avec des matériaux locaux puisque le plus important de ceux-ci, est prélevé sur place à l’intérieur du réservoir et constitue la quasi-totalité du corps des digues.

Les digues

La digue principale barrant la vallée de la Morge s’appuie au deux extrémités sur des épaulements naturels assurant ainsi au  réservoir pour un plan d’eau à la cote 140,00 la capacité déjà indiquée de 205 millions de m3, compatible avec les apports naturels de la Seine à la prise d’eau et avec la régularisation recherchée.

L’étang de la Morge en 1961, absorbé en 1965 par le Lac

L’emplacement de la prise d’eau en Seine et le tracé du canal d’amenée long de 13 km ont en effet été définis en fonction de l’emplacement arrêté pour la cuvette du réservoir et de la cote de son plan d’eau.

Compte tenu des conditions géographiques locales, la première a été établie tangentiellement à un méandre de la  Seine en amont de Courtenot au débouché du ru du Val, puis le canal, d’amenée, suivant la vallée de ce ru mais avec une pente in versée, a été dirigé en tranchée  profonde vers le Nord sensiblement en ligne droite vers la cuvette du réservoir afin de gagner au plus tôt les passages naturels  constitués par les vallées de la Boderonne et de la Barse.

Implantation du Lac. A gauche, la région en 1956. La même à droite en 1966

Pour ce faire, le passage en souterrain du canal d’amenée sur une longueur de près de 1 500 m a été nécessaire pour le franchissement  des collines séparant les vallées de la Seine et de la Boderonne. 

A ce souterrain fait à nouveau suite une tranchée profonde à ciel ouvert, suivie par un canal à pente très faible s’adaptant au terrain naturel et devant franchir sur de hauts remblais les vallées de la Barse et de son affluent le Patin, le tracé étant assez direct, à l’exception d’une large boucle vers l’Est au passage de la ligne SNCF Paris-Bâle, le canal se terminant dans le réservoir d’une superficie égale à celle du lac d’Annecy (2 300 hectares) par un déversoir et un bassin d’amortissement aux dimensions imposantes situés sur le flanc rive gauche de la vallée de la Morge.

Après avoir été éventuellement turbinées das une usine construite par EDF, les eaux sont restituées par un canal de section plus modeste, qui sous le premier nom de canal de la Morge et sur une longueur de 12km se dirige vers la Seine en suivant sensiblement la vallée de la Morge puis celle de la Barse jusqu’à Ruvigny où il se scinde en deux branches, la principale d’une longueur de 5km portant le nom de canal de Saint Julien rejoignant la Seine au sud de Troyes, et l’autre, dit canal de Baires rejoignant la vieille Seine en suivant la Barse rectifiée et élargie.

Les expropriations

L’ensemble des expropriations représente plus de 2 800 ha de forêts, 160 ha d’étangs et moins de 900 ha de terres, prés, patures et parcs utilisés par la population locale.

A Mesnil Saint Père, l’implantation du lac a conduit à la démolition des tuileries encore en activité sur le village, et au déplacement du vieux cimetière situé en haut de la route de la Mission.

Le cimetière de Mesnil Saint Père en 1965 avant son déménagement pour laisser place au Lac
Tuilerie la Champenoise, démolie puis engloutie lors de la construction du Lac

Sources:

  • Archives Gustave Gras

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